L’autre jour, je me suis retrouvé devant une vidéo d’un site juif orthodoxe. Dans cette vidéo, un homme qui semble être rabbin se moquait délibérément des scientifiques, de manière humiliante, alors que lui-même sortait des énormités sur des sujets facilement vérifiables.
Cette vidéo étant sur Facebook, je me suis énervé intérieurement en me disant : quelle humiliation pour nous, Juifs, si des Goyim voient cette vidéo ! Un rabbin, censé donc être un érudit du Judaïsme, l’élite du peuple, qui dit des énormités !
Je me suis alors demandé : qu’est-ce que je pourrais dire à un Goy qui verrait cette vidéo ? Comment je pourrais me défendre autrement qu’en prétendant que ce rabbin est un abruti qui ne représente que lui-même ? Parce que c’est vrai, au fond, il n’a pas parlé de Torah, ni de rien qui n’y soit associé (en tous cas il n’a cité aucun texte).
Mais alors, qu’est-ce qui fait que les gens l’écoutent ? D’où lui vient le mérite de cette audience ? Pourquoi je ferais plus confiance à un scientifique qu’à ce rabbin ? J’ai assisté un jour à une conférence d’un chercheur sur le boson de Higgs (une particule quantique). Pour le coup, je suis aussi incapable de vérifier ce qu’il dit que de vérifier que Moïse a bien existé. Pourtant, je sens bien que j’ai une bonne raison de lui faire confiance à lui…
Quand on y réfléchit…
Quand on y réfléchit, un rabbin et un scientifique font la même chose. Ils ouvrent un livre (la Torah pour l’un, la nature pour l’autre), le lisent, et essaient d’en déduire la vérité. Une fois ceci fait, ils sortent de chez eux et vont l’enseigner au monde.
D’un côté, il y a la Torah. En tant que Juif croyant, je n’irai jamais dire que la Torah risque de ne pas être vraie. La Torah étant vraie, la nature étant vraie, le scientifique et le rabbin semblent réellement faire la même chose ! Pourtant, le scientifique mérite plus ma confiance…
La différence
Quand un rabbin lit son Livre (la Torah), il comprend des choses et dit : la Torah est vraie, donc ce que je vous dit est vrai ! Cela vient du Ciel, c’est comme ça.
A l’opposé, quand un scientifique lit son Livre (la nature), il comprend des choses et dit : voilà ce que j’ai compris, et voilà comment je l’ai compris. C’est peut-être faux, mais ça me semble vrai.
Le fait que la Torah soit vraie ne signifie pas que l’on sait la lire. Au contraire ! Le Judaïsme vient justement nous dire que nous devons chercher à comprendre en sachant que l’on ne détiendra jamais la Vérité absolue ! Cette incapacité à atteindre la Vérité doit nous rendre extrêmement humble vis-à-vis de ce que l’on croît savoir. Et j’ai bien dit : croît savoir, parce que c’est tout ce dont on peut être certain ! On croît savoir, mais on ne sait pas (et c’est très bien comme ça).
La chose la plus claire que je sache par rapport à la Torah, c’est que je ne sais pas La lire. C’est que personne ne sait La lire, et personne n’a jamais su La lire. Il y a des gens qui La lisent mieux que le reste du monde, mais même eux ne détiennent pas la Vérité absolue.
La recherche de la Vérité
Si la Torah est aussi vraie que le monde réel, alors les rabbins doivent adopter la même méthode pour l’étudier. Cette méthode passe d’abord par l’humilité. Le dialogue doit rester ouvert. On doit pouvoir poser toutes les questions. C’était comme ça dans le passé dans la Guemara, et ça se perd de nos jours.
La recherche de la Vérité est un chemin infini. Pour pouvoir avancer, il faut être capable de pointer du doigt ce que l’on n’a pas compris, ou mal compris. En se fermant aux questions, on s’empêche juste d’avancer. En disant que les anciens étaient plus forts que nous, on s’interdit d’être meilleurs que les anciens, et donc, on arrête d’avancer.
Posons des questions, remettons en question, écoutons les questions des autres, admettons les faiblesses de nos raisonnements… C’est ça. Pour mériter la confiance des gens, les rabbins doivent cesser l’obscurantisme.